Grand Nuovo Tour – Italie

La résidence

Dans le cadre du Nuovo Grand Tour, je suis partie en résidence dans le village de Grottole dans la région Basilicata dans le sud de l’Italie. L’objectif de cette résidence imaginée par l’Institut français est de promouvoir le dialogue culturel et les valeurs européennes d’échange et de partage.

La structure qui m’a accueillit Wonder Grottole a pour objectif de régénérer et de réactiver le centre historique du village par l’attraction de nouvelles énergies et par l’activation d’échanges avec la communauté locale.

Dans le cadre de ma résidence, j’ai découvert de nombreuses facette de la vie rurale sur le territoire par le par le biais des paysages, de l’architecture, les objets, des aliments et les traditions culinaires locales. Mais aussi par les rencontres avec les habitants, qu’ils soient potiers, agriculteurs, marchants, restaurateurs ou artistes. J’ai aussi visité les villes et villages alentours pour mieux comprendre l’histoire locale.

J’ai été initiée aux différentes techniques du crochet par des femmes du village. Un savoir-faire chronophage et très peu représenté dans les métiers d’arts.

Mes sens étaient ouverts pour capter les motifs, les couleurs, les formes et les textures afin de faire naître de nouvelles idées de créations. L’ensemble de cette expérience est documentée à travers des illustrations racontant chaque journée de ma résidence et aussi par des photographies.

Afin d’intégrer encore plus les habitants du village à mon travail, en collaboration avec Wonder Grottole, nous avons proposé un temps de rencontre et de présentation de mon travail, un workshop de création ainsi qu’un finissage pour présenter les créations réalisées tout au long de la résidence.

L’ensemble des recherches faites tout au long de la résidence vont me permettre de développer de nouveaux projets associant mes savoirs-faire à ceux auxquels j’ai été initiés.

Année 2023

Collaborateurs
Wonder Grottole – Institut Français Italia

Grottole

Grottole est le village dans lequel j’ai réalisé ma résidence. J’y ai donc passé la plupart de mon temps. J’ai eu le temps de le découvrir de plusieurs manière au fur et à mesure des jours. Dans un premier temps j’ai été marquée par l’architecture, la topographie du village et par les ruelles étroites. Ensuite les formes des fenêtres et les motifs présents sur les rideaux de portes ont attiré mon intérêt. Enfin, connaissant mieux le village, je m’attachait à trouver des liens entre l’ensemble des motifs, des formes et des couleurs que j’avais pu croiser au fil de mes déambulations. Au fil des jours, j’ai mieux réussi à comprendre l’italien, j’ai eu du mal à m’exprimer par manque de vocabulaire mais les idées principales que je voulais transmettre ont étés dites, soit par les mots soit par les gestes. L’avantage lorsque l’on apprend un savoir-faire c’est qu’il ne nécessite peu de mots pour le transmettre, montrer les techniques et la façon la plus efficace de transmettre un savoir-faire.

Nicio

Nicio est un artiste céramiste dont l’atelier est situé à Grottole. Je l’ai rencontré le premier jour de la résidence. Nous n’avons pas pu communiquer de manière fluide à cause de la barrière de la langue. Nous avons néanmoins pu communiquer avec des gestes. Il m’a montré ses créations artistiques et ses pièces artisanales réalisées en plus grandes séries. Après m’avoir montré comment il peignait ses pièces en céramique avec des pigments, j’ai moi même pu en peindre quelques unes en plus d’être initiée au moulage de différentes pièces murales. La pièces qui m’a le plus marqué dans son atelier est le gobelet de Pythagore, un verre qui, lorsqu’il est trop rempli se vide complètement !

Rosa

Rosa est une artiste du village, elle réalise de nombreuses pièce utilisant différentes techniques pour transformer le fil en œuvres. Beaucoup de pièces qu’elle a pu me montrer sont réalisées au crochet, d’autres sont faites au point de croix ou encore en tricot. J’ai passé de nombreuses heures avec elle au coin de la cheminée pour découvrir la technique du crochet. Nous avons utilisé une laine très fine qui est couramment utilisée pour fabriquer des napperons ou des nappes.

Les techniques de base en crochet sont la réalisation de formes linéaires, rectangulaires, le départ est réalisé avec des chaînettes. Puis, différents points permettant de créer des zones en plein ou en creux entourées de lignes verticales sont réalisés. Ces points de base acquis, j’ai travaillé ma dextérité dans la tension mise dans le fil afin d’obtenir un résultat homogène.

Au fil des jours, nous avons réalisés différents motifs géométriques. Puis, nous avons consulté des brochures anciennes et sélectionné un motif floral à réaliser à la suite des premières expériences. Après cette première réalisation rectangulaire, j’ai expérimenté cette même technique mais de manière circulaire. Pour moi, cette technique s’apparente au pixel art bicolore, on crée un motif en formant des carrés plein ou vide.

Rosa m’a prêté des brochures de crochet dont j’ai recopié les motifs pour pouvoir plus tard, avoir une banque d’images traditionnelles pour m’en inspirer et créer mes propres motifs.

Forenza

Forenza est un village situé dans les montagnes à 80km de Grottole. J’ai découvert cet endroit en accompagnant un groupe de visiteurs intéressés par le tourisme durable et régional. Ce groupe, composé d’une grande diversité de profils et d’âges. Ils sont curieux de visiter les petits villages proches de chez eux. Au sein de ce village, un artiste a réalisé des œuvres d’art pérennes sur les murs des maisons. Au cours de cette journée, nous avons pu visiter l’atelier de l’artiste, un atelier très sobre, dans lequel il collecte de la vaisselle ainsi que des morceaux de céramiques pour réaliser ses œuvres. J’ai été surprise de voir que son atelier n’a ni fenêtre ni électricité. Nous avons aussi visité une une maison traditionnelle ancienne. Cette maison rustique est composée d’une pièce à vivre, d’une minuscule étable pour y mettre un animal ainsi que d’une cave ou sont encore installées deux énormes tonneaux en bois. J’ai pu observer des pièces en vannerie réalisées avec les plantes locales pour les usages de la maison.

Vincienzo

Vincienzo est le fils de Rosa, il est agriculteur et est passionné d’ingénierie. Il a réalisé lui même ses machines hydrologiques pour faciliter son travail. Il m’a fait découvrir les plantes locales traditionnellement utilisées pour la vannerie (osier, jonc, canne, genêt) et nous en avons récoltées quelques unes pour que je puisse ensuite faire quelques expérimentations. Il m’a aussi fait visiter son exploitation qui associe de nombreuses cultures : oliviers, vigne, tomates, safran, herbes aromatiques…

Dans son atelier, il m’a expliqué que traditionnellement, les rideaux présents devant les portes des maisons étaient réalisés avec des sarments de vignes. Ils étaient coupés tous à une dimension identique puis transpercés dans la longueur par une tige de métal. Puis, un fil de fer était modelé pour réaliser des anneaux de part et autre afin d’en réaliser une guirlande. Cette anecdote m’a beaucoup intéressée, j’ai très envie d’expérimenter la création à partir de sarments de vigne.

Addolorata

Addolorata est la seconde femme avec laquelle j’ai travaillé la laine. Avec elle, j’ai souhaité apprendre à faire du tricot. N’ayant pas de connaissances à ce sujet, nous avons commencé par faire les points de bases les mailles à l’envers. J’ai aussi appris à faire différents motifs au fur et à mesure des jours. C’est avec elle que j’ai le plus ris, en effet, à chaque fois que l’on ne se comprenait pas, elle éclatait de rire, il faut dire que c’était souvent !

Castelsaraceno

Castelsaraceno est un village situé dans un Parc Naturel. J’ai visité ce village dans le cadre d’une conférence organisée par l’association Village Hosts concernant la valorisation des villages ruraux pour le tourisme durable. La matinée était consacrée à la présentation du travail de l’association, de nombreuses personnes ont présenté leur parcours et leurs projets. J’ai même été invitée à présenter mon travail et mon implication dans le village ou j’habite et ou est installé mon atelier. J’ai eu l’occasion de visiter le musée, Museo della Pastorizia, consacré aux bergers locaux, qui abrite de nombreux objets anciens dont certains en vannerie. Les deux pièces qui m’ont le plus marqué sont les paniers destinés à faire le fromage et ceux plus spécifiquement destinés à la ricotta ainsi que les parois réalisées en canne de Provence recouvertes de torchis.

Matera

Lors des différentes excursions auxquelles j’ai pu participer, j’ai du dormir à Mattera pour être présente à l’heure de rendez vous. En effet, il ,n’y a que très peu de bus à Grottole. J’ai donc eu l’occasion de dormir à la Casa Neutral, il espace de co-living et de co-working. C’est un lieu ou j’ai rencontré des personnes très chouettes venant de différents horizons.

La vieille ville de Matera est très belle et intéressante. J’ai adoré découvrir l’histoire de cette ville et me promener dans la sasi, cet espace ancien inaccessible aux voitures. Face à la vieille ville, relié par un pont tibetain enjambant une rivière, se trouve une colline parsemée de grottes.

Un soir, j’ai appris que la Tower Art Muséum fêtait ses 1 an d’ouverture. Je me suis donc rendue à cet événement pour y découvrir l’exposition en cours et rencontrer des artistes au vernissage. L’exposition s’appelait “È andato tutto bene” de l’artiste Geometric Bang.

Temps forts

Plusieurs temps forts ont étés organisés en collaboration avec Wonder Grottole pour faire découvrir mon travail et créer du lien avec les habitants du village. J’ai commencé par faire une présentation de mes créations dans un pub.

Ensuite, nous avions organisés un workshop autour du tissage de papier. J’ai choisi de proposer un atelier qui soit accessible aussi bien aux adultes qu’aux enfants. J’ai commencé par découper de grandes bandes dans un rouleau de papier peint par les artistes précédentes. Je les ai enchevêtrés pour créer un motif. Afin de ne pas rester bloquée dans le format rectangulaire ou carré, j’ai choisi d’utiliser les formes des fenêtres présentes sur les portes des grottes/caves que j’aimais beaucoup et qui permettaient aussi de faire du lien avec le village. Pour préparer la journée avec les participants, j’ai peint en amont de grands formats de papier pour qu’ils puissent avoir le choix dans les couleurs qu’ils souhaitaient utiliser. A leur arrivée, après leur avoir expliqué le projet, ils ont commencés à dessiner le motif qu’ils voulaient créer puis ont découpé de très très très nombreuses bandes de papier avant de faire le tressage souhaité. J’ai été un peu optimiste par rapport à la gestion du temps, la majorité des participants ont du finir le tressage chez eux mais étaient ravis de l’atelier.

La dernière étape de présentation a été le montage d’une mini exposition présentant l’ensemble de ma résidence, les plantes locales utilisées en vannerie, quelques expérimentations, les tressages réalisés au crochet et tricot, les œuvres réalisées pendant le workshop, les nombreux dessins réalisés chaque jour et les photographies illustrant l’ensemble de ma résidence.